Julia Deck, Viviane Élisabeth Fauville [1]
Avec quelques autres, beaucoup d’autres, faut-il espérer, je reçois, admirativement, ce premier roman, publié aux éditions de Minuit.
Je ne m’étendrai pas sur les qualités d’écriture, la virtuosité narrative qui emportent en effet l’adhésion, confèrent à ce livre, son air de famille [2].
Je prendrai à la "lettre" l’expression, ça en aura tout l’air. Lisez-moi, donc, au chapitre 6 :
Parfois elle nous regarde comme si elle nous connaissait depuis toujours, et nous pensons qu’elle nous prend pour une autre. Ou est-ce nous qui ne sommes pas celles que nous croyons — c’est une possibilité.
Nous ignorons d’où vient cet être qui en sait plus sur nous-mêmes que nous n’en soupçonnerons jamais, et semble pourtant tout attendre de nos soins. Il faut répondre à ses vocalises pour maintenir l’illusion de familiarité, et c’est elle qui nous guide, modèle notre conversation, insiste pour bâtir cette parenté qui résiste. Et c’est peut-être elle aussi, dans son dénuement et sa ténacité, qui obtiendra gain de cause. Ainsi nous finirons mère et fille par le seul effet de sa détermination. » [3]
Où veux-je en venir ? il y a là de quoi tenir davantage qu’une séance de séminaire. Mais encore ? Tout, presque tout, ou pastout y est, non ? Hilflösigkeit, « Sa majesté le bébé », l’Unheimlichkeit, Wordsworth regenré... [4] Off the record, la "conduite" du paragraphe pour nous mener là où la "mère lecteur" résistât-elle, se rendra, brouilllage pronominal aidant, vocalises de l’infans-sirène à l’appui, illusio, collusio.
Serait-ce le sujet du livre ? Pourquoi pas ? Avec un « petit » air du temps (« remake » du roman familial dans ses nouvelles configurations), avec la découverte de ce métier impossible, qu’accroît sa survenue tardive, si ce n’est in extremis, de la parenté (on peut raisonnablement présumer que l’auteure inclut parentalité sous ce vocable), l’"héroïne" s’y trouve primipare à 42 ans (et le néo-père de fuir pour l’occasion « l’horreur conjugale »). En tous cas, c’est bien autour de ce moment, alors que se sont agrégées une suite de micro-décisions, que Viviane Élisabeth Hermant ou Fauville (on n’ose broder sur l’onomastique) tombe à 39 ans, « un bon poste et aucune raison de se plaindre » sur la révélation apportée par le carrelage mural de la station République, un blanc ; ajoutons, pour faire juste mesure, « un écœurant fumet de faux croissants ». Et c’est ainsi qu’elle se retrouve chez un psychanalyste (qu’on aurait en effet envie d’estourbir, tel que, par improbable, il est décrit), et au cœur de l’action du livre : traversées de Paris, traversée des identités, des miroirs identificatoires, dont la palette est étendue (de la jeune maîtresse du psy à l’archiviste fou) : l’assomption pour le coup y est jubilatoire (pour une Élisabeth, ça peut le faire).
Faut-il poursuivre ? l’héroïne le fait très bien, et l’auteure la seconde efficacement. Une pensée émue pour Paul Ricœur et l’identité narrative, comme une station : Petit Palais ou Palais Royal ? la première n’existe pas, mais qui a dit qu’il n’était question que de métro ? : toutefois, de rêver, penser, qui sait ? sur le mot : la cité-mère, la mère citée [5] ?
J.-B. Pontalis, Le laboratoire central [6]
Dans l’ultime entretien (ils sont neufs entretiens et exposés entre 1970 et 2012), « Nous lecteurs de vous » [7] est précisé l’hommage à Max Jacob, dans le titre retenu pour ce recueil, publié dans la collection Penser/rêver et qui est aussi celui de la réponse à un questionnaire d’André Green. Il y eut en effet des rencontres entre Pontalis, jeune homme, en 1942 et Max Jacob à Saint-Benoît sur Loire. Ce rappel a l’intérêt de signifier la puissance de l’intérêt littéraire chez le futur agrégé de philosophie, qui comme le lui signifiera une élève, tout intéressant qu’il fût, n’habitait pas vraiment la discipline (nonobstant le débat (au moins intérieur) avec Sartre, l’affection pour Merleau-Ponty etc.). Ce que démontra la suite, la bibliographie le montre avec éclat.
Cryptomnésie, nous dit Pontalis, que la remontée du mot laboratoire pour désigner la cure « classique ». Aux très nombreux lecteurs de Pontalis, je ne saurais trop conseiller d’adopter une lecture régressive (juste après avoir lu l’Avant-propos de Michel Gribinski), de constater qu’en 2012, la verve est intacte, l’esprit vif, voire le goût de la dispute intellectuelle (en particulier avec les plus proches : Green, Laplanche, De M’Uzan [8]), et toujours dans une certaine affirmation du littéraire, comme voie royale de la révélation de l’inconscient, toute grande oeuvre mettant son lecteur « en position d’analysé ».
Affectueux dans le ton, l’entretien n’est pas pour autant un simple hommage, il réunit des passionnés autour de leur passion, il éclaire ce qui les regroupe à l’enseigne de la pensée rêvante, sans que se constitue de manière excessive un « nous », et c’est bon signe...
Une fois que l’on aura lu les mots qui suivent, sous la plume de Michel Gribinski, on sera paré pour la rêverie pensante de la lecture : « La pensée de J.-B. Pontalis est mouvementée : c’est qu’il épouse avec une curiosité et un bonheur contagieux les deux contrées toujours neuves de la psychanalyse et de la littérature - et leurs champs parfois absolument contraires, heurtés, quand les mots qui manquent à la première envahissent l’autre ; quand l’une ne sait que tout réduire à des concepts, souvent post-freudiens, ou tout balbutier, alors que l’autre dit d’un trait la chose réelle avec des mots simples ; quand celle-là est toujours au service de plus de vie, et que celle-ci, la littérature, ne l’est pas forcément.
On est reconnaissant à ces épousailles incessantes. Sous leur façon discrète, elles s’opposent à la barbarie. »
Les pontalissiens de longue date trouveront plaisir à rafraîchir leur mémoire, les lecteurs récents (ils reconstitueront « la carrière » pp. 117-154, et à la suite en verront les « rencontres marquantes ») découvriront une pensée toujours jeune en ses multiples genèses ou renaissances. Sacré Jibé, diront peut-être les premiers, comme lui disait à Marcel Gauchet : sacré Lacan ! [9] aussi mesurent-ils que l’adjectif, en ce qui le(/s) concerne, ne saurait être qu’antéposé, dépris de toutes les rhétoriques quelles qu’elles soient, et plus encore lorsqu’elles exhibent leur efficace. Ainsi de la levée de l’ambigïté d’une célèbre formulation : « La guérison, bénéfice de surcroît », qui en a choqué plus d’un.
Je souligne, dans la réponse.
« Et pourtant, elle est très classiquement freudienne tant qu’elle signifie ceci : que ce n’est pas en se fixant constamment comme but la guérison, à savoir la suppression des symptômes, la levée des inhibitions ou la réduction de l’angoisse que l’analyse a une chance d’y parvenir. L’analyse a des effets thérapeutiques, elle n’est pas, ni par essence ni par méthode, thérapeutique ; c’est la conquête d’une liberté intérieure jamais acquise auparavant qui est escomptée. »
Et je ne souligne, que pour renvoyer aux entretiens avec Michel de M’Uzan (1977) , et Pierre Bayard (2004), sur l’incompatibilité prétendue par le premier entre l’être écrivain - si tant est que quelque chose ce genre existe- et l’être psychanalyste (idêmement : et de paradoxer : psychanalyste, celui qui ne se prend pas pour tel, souligne J.B. Pontalis, aussi fréquemment que possible (cf. Allouch*, relisant « la troisième proposition d’octobre 1967 » qui est de 1973), bref, pas plus qu’on est écrivain 24/24 et 7/7 (on peut remplacer écrivain ad libitum, en clin d’oeil aux demi-sartriens : garçon de café). Bref Pontalis, qui le dénierait ? est tout autant écrivain [10] que psychanalyste, dans la meilleure acception de qui s’y reconnaît.
Pour conclure, les épousailles de la recherche, et de la modestie, indissociablement, dans l’exigence :
« Soit chacun est un chercheur ; l’analyste... et le patient plus encore, le détective (modèle Dupin), le chien de chasse, l’adolescent qui « se cherche » et d’abord l’enfant, ah ! ce petit Hans à qui le grand Freud doit tant ! [...]
Cela dit, je n’ai rien contre ceux qui s’aventurent « hors les murs » (pour reprendre la formulation de Laplanche, plus pertinente à tout prendre que celle de psychanalyse appliquée). Freud, là aussi, nous a donné l’exemple avec Totem et tabou, Psychologie des masses, L’Homme Moïse, etc. mais enfin, nous ne sommes pas Freud ; d’ailleurs, il lui est arrivé de se planter, par exemple en faisant de l’Anna Metterza, de l’enfant aux deux mères, une invention de Léonard alors que c’était un thème courant à l’époque (voir Meyer Schapiro). Prudence, donc : le savoir, ça existe ! Les historiens de l’art en connaissent un bout, les sociologues, moins qu’ils ne le prétendent, mais quand même. Et comment méconnaître les travaux des historiens qui sans cesse découpent dans le réel et, littéralement, inventent de nouveaux objets (la peur, la culpabilité, le sacrifice, les larmes ...), à propos desquels le psychanalyste a son mot à dire, mais seulement son mot. Et de celui qui comme Vernant a voué sa vie à l’étude de la société grecque, de sa religion, de ses mythes, comment oser se passer de l’immense et scrupuleuse connaissance qui est la sienne ?
S’engager hors les murs, c’est non seulement consentir à, mais vouloir se porter à la rencontre des autres, mesurer son propre savoir aux savoirs acquis par des voies différentes de la sienne, et d’abord reconnaître sa propre ignorance, avec peut-être, en prime, la possibilité de laisser entendre aux tenants d’autres disciplines que quelque chose leur échappe » [11].
Voilà quelque chose qui manifestement fait partie du cahier des charges de la revue et de la collection Penser/rêver. Cela se vérifiera aisément dans le 22° numéro [12] de la livraison semestrielle : Portraits d’un psychanalyste ordinaire [13]. Plût au ciel que celui-ci ressemblât à celui décrit par Laurence Kahn (des marges de "progrès" s’annoncent !) dans son article intimidant (jusqu’à absorption tranquille), mais qui ne ne lui donnerait raison ? : « La solution consensuelle », more psychanalytico, n’est pas une solution, et l’ordinaire du psychanalyste n’en est pas un.
Jean Imbeault, j’ai été attentif à son article « L’enregistrement », dans la revue, pour avoir été concerné dans une vie antérieure par l’autoscopie, certes ce n’est pas pareil, mais il y a des cousinages (voir les travaux de Marguerite Altet [14]). J’espère quelques heures de tranquillité pour m’appliquer à son Remake [15]. Pour le lire, fidèlement, dans la revue, je copie dès aujourd’hui ce bout du film :
« Le livre s’emploie à refaire - réfection, autre sens de remake - des bouts de la théorie freudienne et de sa pratique. » Il est ajouté, soulignons l’adjectif : « C’est le livre d’un amoureux de l’analyse, qui jour après jour, cède au cinéma de la vie ». J’en suis convaincu d’avance, cela n’empêchera guère de lire d’un oeil critique, autant que celui-ci le peut, sinon ce serait faire injure au mouvement que l’on sera employé à communiquer dans toutes les lignes qui précèdent.
Emmanuel Fournier, Les verbes de la désolation, Les verbes de la consolation [16]
Philosophe, chercheur, en même temps que dessinateur et poète, Emmanuel Fournier [17], lors des rencontres Poésie & Philosophie (Marseille 1997), avait intitulé « Chercher la vérité, en un seul verbe » sa contribution à laquelle emprunte cet exergue [18].
Les éditions Contrat main, publient aujourd’hui d’Emmanuel Fournier, dans le format qu’on leur connaît, une feuille A4 recto verso pliée en 4 [19] Les verbes de la désolation (livre I), Les verbes de la consolation (livre II), des collages de morceaux préparés, Aventures aux Kerguelen (Raymond Rallier du Baty), Le Nouvel Esprit scientifique (Bachelard) pour le premier ; L’Innommable (Beckett), Pour l’honneur de l’esprit humain (Jean Dieudonné) pour le second.
Il arrive qu’un geste amical, vous mette parfois en face de ce que vous n’auriez su formuler, ou du moins le croyiez et que cela déclenche une recherche ininterrompue, par exemple :
« 16. Il est apparemment facile d’expliciter la règle d’écriture infinitive : se délivrer des éléments de langage qui ne sont pas indispensables à la pensée et qui sont susceptibles d’entraver sa course, ce qui revient, pour peu qu’on y réfléchisse, à s’abstenir des substantifs, de leurs substituts et de leurs attributs, pronoms, articles, adjectifs, adverbes. Et avec eux des relatives et de certains modes de complétives. En fait ce n’est pas si facile de déterminer ce qu’est la contrainte. Cela demande beaucoup de recherches qui risquent bien de ne jamais être que des interprétations. » [20]
Et vous voilà à lire : Croire devoir penser [21], et en page de garde : Études pour doute et conscience, engagées à l’infinitif, sans désigner d’objets, de fondements ou de buts premiers, pour ne pas déterminer les choses d’avance par trop de présomptions et ne rien se cacher malgré soi, disposées sans ordre arrêté dans un système de compositions-substitutions, où chaque question puisse être examinée comme un objet pour les autres questions, et qui serve de repère pour intertoger bien méthodiquement, où il est question de douter, de croire et de savoir, de pouvoir et de manquer, de finir, de changer et de vouloir, de devoir, de servir et de se libérer.
Une annotation (on est à Ouessant) : Un mouton m’appelle. Dois-je y aller ? Mais que faire des autres ? , les dessiner, comme les vagues (et voilà 36 Morceaux, et Mer à faire ... [22]
et d’en arriver à cet exergue aux Verbes de la désolation, pris au Journal de bord de Roparz Broudig (Robert Broudic), marin-pêcheur que sans doute peu connaissent, carrière étonnante et talents d’écriture, à preuve : "À voir cette première île, nous avons tous ressenti une même impression de tristesse. Une sorte de regret et d’anxiété à la fois. Ce n’était pas de la peur, mais de l’étonnement et un désir inavoué de deviner notre sort."(L’île Saint-Paul sans doute [23]).
En mer, donc :
« La mer n’est-elle pas l’endroit où la séparation de la composition et de l’interprétation peut être mise en question ? Peut-on dissocier la composition d’un morceau de sa réalisation ? Chaque nouvelle interprétation paraît être une nouvelle composition. Chaque transcription pour un autre instrument trace à nouveau les limites de l’œuvre et de sa réalisation. C’est comme si les modalités de transcription faisaient partie de la composition, en laissant arriver ce qu’on n’avait pas prévu. Les accidents du geste, les intuitions de la plume qui s’accroche au grain du papier, et de l’encre qui s’écoule ». [24]
C’est ce qui arrive lorsqu’on se risque à l’aventure de la liberté infinitive, dont ces folhetos disent les péripéties, sans finalement « savoir pourquoi il se cache dans l’infinitif autant de désespoir et d’espérance que, par exemple, dans les voyages des navigateurs d’autrefois ». (Verbes de la consolation, p. 3).
Verbes de filer : rêver, penser, écrire, naviguer, expérimenter, douter, continuer...
[1] Julia Deck, Viviane Élisabeth Fauville, éditions de Minuit, 2012.
[2] Voir l’exergue de Beckett, l’admiration affichée (partagée) pour Jean Échenoz, Christian Gailly, Jean-Philippe Toussaint... filiations, et l’accueil d’Irène Lindon — le génitif double n’aura jamais aussi bien porté son nom.
[3] J’ai squeezé, non pas squigglé, entre [ ] « La nourrice l’a rendue sans faire d’histoires, affectant de croire que c’était notre bien légitime. On l’emporte furtivement, rasant les murs jusqu’à l’immeuble de la rue Cail, au cas où elle se raviserait. », utile certes pour l’économie narrative, moins pour la mise en évidence ; pour apprécier le style, la suite :
Au milieu de la pièce désespérément vide, nous réfléchissons à ce que nous pourrions faire pour mériter tant d’amour. Il faudrait sans doute entreprendre des actions décoratives, consulter des catalogues de meubles, acquérir des bibelots, attiser notre instinct maternel à la lueur du foyer. Nous ne faisons rien, immobiles comme nous avons toujours été. L’enfant n’a jamais un pleur plus haut que l’autre, paraît incroyablement satisfaite de son sort, et ce formidable prodige nous effraie avant de nous réjouir, si bien que nous n’avons d’autre choix que suivre notre habitude, obéir aux lignes de la nécessité. Nourrir, s’apprêter, sortir, rentrer, dormir : c’est le corps seul qui avance lorsque nous sommes redevenues muettes.
Nous pensons que cela vient peut-être de son père, qui lui aurait légué le gène de l’équanimité. C’est une explication. Mais nous le connaissons bien : elle n’est pas plausible.
Le père de Valentine Hermant nous est connu sous plusieurs aspects. Il y a celui sous lequel il est apparu la première fois, qu’il revêtait encore au début, lorsque le simple rappel de son nom donnait envie de jeter tous ses vêtements par la fenêtre pour courir vers lui. Il y a celui des derniers jours, lorsqu’il a prononcé les paroles définitives que l’on sait, et, entre ces deux points, une multitude d’intermédiaires évoluant au gré de facteurs internes et externes -la configuration de ses humeurs, le progrès puis le déclin de l’affection qu’il nous portait, de l’automne à l’automne en passant par toutes les colorations de l’année.
C’est à cette saison que nous l’avions rencontré.
[4] Dans l’ordre, pour qui cela serait obscur : 1. le dénuement originel, 2, une expression bien mise en lumière par L’Enfant imaginaire (Conrad Stein), 3. L’inquiétante étrangeté, ou l’infamilier, 4. Wordsworth : « L’enfant est le père de l’homme »... (The Child is father of the Man ; / And I could wish my days to be / Bound each to each by natural piety.)
[5] Elle l’est d’ailleurs très tôt à comparaître, au titre d’un enseignement de première importance : « L’omelette, on croit qu’il la faut lisser, et l’on se trompe. C’est l’art d’à peine instiller le blanc dans le jaune, de les saisir à point. » ()
[6] J.-B. Pontalis, Le laboratoire central, aux éditions de l’Olivier, 2012.
[7] Entretien inédit (4 février 2012) avec Miguel de Azambuja, Alain Boureau, Michela Gribinski, Michel Gribinski, Henri Normand, Jean-Michel Rey, Carlotta Settel. Les membres « étrangers » du comité de rédaction - Jean Imbeault (Montréal), Adam Phillips (Londres) et Antonio Alberto Semi (Venise) - étaient empêchés.
[8] Avec André Green qui redoute que la Revue Française de Psychanalyse ne devienne une revue littéraire, avec Jean Laplanche, dont il dit son désaccord pour sa traduction de Freud (la néo-langue ne rendant pas justice à l’écrivain, avec Michel de M’Uzan à propos du classement des écrits : écrits psychanalytiques vs écrits littéraires.
[9] Renvoi ici à un article de Michel Schneider dans les Temps modernes, repris dans Lacan, années fauve, recensé naguère de manière concernée, voire prémonitoire : papiers d’identité .
[10] Longue est la liste des oeuvres, et grande leur accessibilité, dans la collection folio.
[11] Le laboratoire central, op. cit., « La place de la recherche », pp. 178, sq.
[12] Penser/rêver, n° 22, automne 2012, Portraits d’un psychanalyste ordinaire, éditions de l’Olivier.
[13] On glosera à l’envi sur l’adjectif, déjà déposé dans une émission de France-Culture, produite par le poète Dominique Meens, qui connaît lui aussi, les deux rayons, et qui nous en fait savourer parfois le miel noir (mange le livre ! nous suggère ce prophète de notre temps).
[14] Bonheur de relire, « reconstitution de carrière », dirait Pontalis, cet entretien avec Anne-Marie Chartier.
[15] Jean Imbeault, Remake, éditions de l’Olivier, 2012.
Je complète cette note (23/10) :
Jean Imbeault est un psychanalyste au long cours que connaissent les lecteurs de la revue Penser/rêver et/ou ceux de Mouvements (Gallimard, coll. Tracés, 1997).
De Remake, publié aux édition de l’Olivier, coll. Penser/rêver, je n’hésite pas à recopier les mots de l’éditeur :
« Dans Remake, le psychanalyste Jean Imbeault aborde un certain nombre de questions à partir du cinéma classique et contemporain : l’empreinte freudienne dans Le Guépard, Les Arnaqueurs ou encore Paranoid Park, la portée de la pensée d’Aristote dans Head On ... Onze films (de Losey, Van Sant, Visconti, Gray, Godard, Pialat... ) sont ainsi repris, résumés, décomposés et recomposés avec l’idée de mettre au jour et de circonscrire l’échange et la concordance entre le cinéma et la psychanalyse. La progression est celle d’un journal : autant de dates, autant de séances. En effet, comme dans une psychanalyse, les histoires semblent d’abord se tenir, puis des fragments se détachent, des hypothèses, des constructions apparaissent... Car ce livre est aussi une réfection : il est l’œuvre d’un psychanalyste qui ne cesse de penser et repenser la théorie freudienne qui guide sa pratique. Remake est le livre d’un amoureux des faits qui cède à la nécessité de se refaire son cinéma. »
J’ajoute que le livre est très agréable à lire, l’implication de l’auteur y est tout aussi certaine que discrète. Manière de relire certains films (Le Guépard, Monsieur Klein...) d’en découvrir d’autres (Two Lovers, Far from Heaven), et identiquement quelques textes célèbres de Freud : Constructions dans l’analyse, par exemple (avec Le Guépard), bref incitation à des revisionnages et à des révisions.
[16] Emmanuel Fournier, Les verbes de la désolation, Les verbes de la consolation, Contrat maint, 2012.
[17] Voir « l’auteur par lui-même », sur le site des PUF, qui ont récemment publié Creuser la cervelle, Variations sur l’idée de cerveau (v. ce commentaire de Patrick Dupouey).
[18] Emmanuel Fournier, « Chercher la vérité, en un seul verbe », Conférences Poésie et philosophie, Marseille, 10 au 12 octobre 1997.
[20] Emmanuel Fournier, L’infinitif complément, Éric Pesty éditeur, 2008.
[22] 36 Morceaux et Mer à faire, aux éditions Éric Pesty, sont à lire ensemble.
[23] Les curieux découvriront une vie d’aventure et d’écriture sur une page Trébeurden de l’inventaire général du patrimoine des Côtes d’Armor.
[24] Mer à faire, op. cit., p. 64.