Jubilate

19/01/10 — Paul Audi, Bernard Noël, Jacques Demarcq, Nezahualcoyotl (traduction Jean-Claude Caër)


aber ach wo beginnt das lochgedicht es beginnt nicht            
aber ach woraus besteht es es besteht nicht ach aber            
wie ist es beschaffen das lochgedicht ist sehr einfach            
beschaffen und womit wird es bedient nun im erwei-            
terten sinne mit poesie            

            mais bon sang ça commence où le poème-trou ça commence pas
            mais bon sang de quoi c’est fait c’est pas fait de ah bon
            mais y a quoi dedans c’est tout simple ce qu’il y a dans
            le poème-trou et on le sert avec quoi eh bien au sens
            large avec de la poésie

Oskar Pastior, traduction de Christian Prigent [1]             

Paul Audi, Jubilations

Remodeler, sans en altérer le sens, la quatrième de Jubilations, de Paul Audi, aux éditions Bourgois, collection Titres, avril 2009, pourrait aboutir à ceci :
Si « créer, c’est jouir », de quelle nature est le désir qui préside à la naissance comme à l’amour des œuvres ?
En s’appuyant sur les phénomènes de la pulsion, de l’incarnation, du sexe, du désespoir, de l’amour, de l’esprit, Paul Audi cherche à éclairer la façon dont l’alliance de l’éthique et de l’esthétique — qu’il réunit en une seule forme : l’Esth/éthique — pourrait dresser des pôles de résistance à nôtre époque, où le simulacre est devenu le seul mode de représentation agréé et où la pulsion de mort règne sur la culture.

A cet égard, je recomposerais volontiers l’ordonnancement du volume, pour commencer par ce qui est signalé comme une étude ardue, difficile à lire parfois : « Le présent de la création » et qui est donnée en appendice. La citation de :
            De l’onde toi devenue
            Ta jubilation nue
 [2]
n’est vraisemblablement pas étrangère au titre [3] du volume. Incluons-la dans son contexte : « C’est dire que ce ne sera jamais par l’argumentation théorique que nous parviendrons à la découverte de la nature impressionnelle de la vie. Cette expérience cordiale de la vie, <i<De l’onde toi devenue Ta jubilation nue, comme le chante Mallarmé - c’est-à-dire de l’onde, et plus exactement encore, de la redondance en soi du Présent vivant -, c’est au vivant, et à lui seul, de la faire (à part soi, comme on dit) ; et non pas à ce « Je pur et ventriloque, fruit de l’imagination » dont parle avec ironie Kierkegaard : ego anonyme et désincarné dont se sert d’habitude la philosophie transcendantale quand elle le flanque d’un regard spéculatif et sans fondement. »
Et c’est reconnaître le motif henryen [4] qui sous-tend en partie ce texte, et se surimpose ici aux « impressions » mallarméennes [5].
Une fois gravis quelques escarpements spéculatifs — on comprend que méritent expansion des propositions telles que : « Intègre et intégrale, la donne du Présent vivant est inaliénable dans sa volonté de demeurer en toute circonstance égale à soi-même. L’égalité à soi de la vie n’équivaut bien sûr pas à la tautologie de son identité à soi-même, il s’agit plutôt de son unité phénoménologique intrinsèquement diverse. Je dirai son universalité. » — le lecteur aura plaisir à découvrir un inédit Trois variations sur le désir, où à partir de « La mécanique d’Ixion » (Alfred Jarry, La chandelle verte) [6] , se déploie une réflexion qui rejoint les plus belles pages de L’amour fou, d’André Breton, souvenons-nous : « La recréation, la recoloration perpétuelle du monde dans un seul être, telles qu’elles s’accomplissent par l’amour éclairent en avant de mille rayons la marche de la terre. » Et ce, parce que, ainsi que l’écrit Jarry : « Heureusement, la roue d’Ixion, de par l’éternité qu’elle dure “prend du jeu” : Ixion ne tourne plus dans le même plan : il revit, à chaque circuit, son expérience acquise, puis pousse une pointe, par son centre, dans un nouveau monde liséré d’une courbe fermée... »

Les autres essais ne connaissent pas les mêmes développements ; souvent plus brefs, ils gagnent sans doute sans doute à être enveloppés de l’aura spéculative dans laquelle baignent ceux dont il a été parlé. Un ensemble, une première partie, regroupe des textes sur Picasso, le sculpteur Kirili, le chanteur Jerry Lee Lewis, une préface aux chroniques cinéma/télé 98/99 de Louis Skorecki. Un autre, L’Europe mentale, consécutif à un voyage à Auschwitz-Birkenau, rappelle la place prise par l’oeuvre de Romain Gary dans la réflexion de Paul Audi, tandis qu’Introspective comme son nom l’indique effectue un retour réflexif sur le parcours accompli [7] ; j’y relève, dans la perspective de la prochaine réédition de Créer [8] en « Verdier-poche » :

“Les essais que réunit Créer montrent, sur fond d’études de cas bien précis (notamment Kafka, Van Gogh, Mallarmé, Baudelaire), (a) pourquoi une « œuvre » n’est pas la création d’un « moi », mais celle d’une vie aux prises avec elle-même, la création d’une vie qui, pour avoir la jouissance de sa souffrance, cherche à se rendre pour soi-même « la vie possible », et (b) comment, sur un tel fondement esth/éthique, il incombe à l’œuvre créée de s’affirmer comme « vérité ».”

Bernard Noël, Les Plumes d’Éros

Dans le dossier de presse qui accompagne la sortie du livre, Isabella Checcaglini en donne en quelques mots la teneur essentielle :
« Le livre que publie P.O.L [9] , ce mois de janvier 2010, Les Plumes d’Éros — un ensemble, composé entre 1953 et 2009 — doit son unité à la pensée amoureuse qui circule dans les récits, les essais et les poèmes rassemblés sous ce titre. Pensée plutôt que sentiment car l’amour est une construction de la langue afin d’échapper à l’appétit de reproduction dans lequel nous cantonnerait naturellement l’espèce - ou à l’appétit de consommation seul lien social de la culture économique. »
Tandis que Paul Otchakovsky-Laurens, après avoir évoqué un travail en commun remontant en 1972, précise qu’il s’agit du premier tome d’une série « dont le but est de rendre compte de la diversité et de la richesse de l’œuvre » de l’écrivain.

On l’imagine sans peine, cette édition revêt plus d’un intérêt, et la lecture de cet ouvrage de 448 pages [10], pourra s’effectuer de multiples façons. En voici une :

— pour ce qui est de la pensée, aller préférentiellement à L’enfer, dit-on, récit érotique et méditation sur l’image érotique, mettant en scène Simone, personnage incandescent d’Histoire de l’œil, de Georges Bataille, et faire suivre du texte qui donne son nom au recueil : Les Plumes d’Éros [11] .

— pour ce qui est de la diversité, comparer ce qui retentit d’un poème comme La moitié du geste [12], avec ce que suscite d’envoûtement un récit tel que Le Mal de l’espèce [13] .

Enfin, prendre le texte introductif pour ce qu’il est : Un jour de grâce.

Quant au lecteur "noëlien", il en est plus d’un — signalons au passage les lectures de Jacques Ancet [14], de Patrick Wateau [15], il l’éprouvera à retrouver quelques textes rares comme L’Espace du désir [16] , ou Histoire de Frêle qui parut en compagnie d’un cahier de dessins de Jean Rustin.

Jacques Demarcq, Nervaliennes

, quelqu’un énonçait, d’une voix douce mais très distincte : « je est le contraire de suis ». [17]

« Le plus difficile à entendre, sûrement, c’est que ce n’est pas moi qui m’exprime dans ces poèmes, mais des fictions délibérées, d’autres je qui jouent à être eux ou moi ou quelque autre, et souvent plusieurs à la fois, si bien qu’ils ont du mal à s’y reconnaître. Écrivant, je perds toute identité. Je n’est pas 1 autre, il est une troupe de caméléons prenant les formes (d’écriture) les plus diverses dans des situations (de vie) variées. Le paradoxe, c’est qu’admettant cela, je sais presque qui je suis : le joueur et jouet d’habiles contradictions, sensible et réticent aux constructions rhétoriques. Ne soyons que sensible pour une fois. » [18]

Avec Nervaliennes, aux éditions José Corti [19], Jacques Demarcq assemble plusieurs faces de son expression poétique, mais qu’il n’y a pas d’artifice à réunir ; si les formes diffèrent, une même sensibilité les parcourt.
C’est d’abord un récit plein d’humour, naguère publié dans la revue Dans la lune [20] dans lequel un enfant s’éveille à la poésie d’un certain Gérard de Verbal, grâce à une "intervenante" (en milieu scolaire) attentive, ce qu’il tâche d’expliquer à son père.
Ensuite c’est un opéra pour enfants, intitulé L’air de l’eau [21] , dont les ariettes finales : Exquis disent ? rappellent qu’elles ont pour auteur celui des Zozios ; les enfants de tous les âges aimeront les sortilèges de la poésie telle qu’elle narre les aventures de Sylphe et d’Audine confrontés au méchant Torbuche.
Enfin c’est un Demarcq critique, avec Nervalois, en deux parties : Sylvie [22] , et une inédite S’il vit encore, qui nous révèle son intimité avec Nerval, et redresse au passage quelques idées reçues. Voici un portrait, tel qu’on n’en rencontre guère dans les anthologies usuelles :

« Un mot encore, deux syllabes : Nerval est poli. Un homme bien élevé, quoique abandonné par tous ; cultivé, même s’il s’est formé tout seul ; « gentil » disent ses contemporains, et ses lettres gardent toujours un ton mesuré, y compris lorsqu’il réplique à ceux qui lui ont nui, comme Janin ou Dumas, ou lorsqu’il s’adresse à un père qui ne lui répond jamais. Ayant cette politesse innée, il était logique qu’il se comporte en polygame, du moins en esprit, aimant à la fois Sylvie, Adrienne et Aurélie, ou bien Jenny Colon et la Polia grecque de l’Italien Colonna. Car son inspiration est volontiers cosmopolite : Allemagne, Italie, Orient nourrissent en profondeur son œuvre. Sans parler de son polythéisme, mêlant le christianisme aux religions de l’Antiquité, ou le Salomon de la Bible à celui du Coran. Bref, quoique en davantage de syllabes, Nerval est cosmopolygame et polymonothéiste, embrassant d’un coup tous les rêves impossibles. » (p. 94).

Un dernier mot : « un être humain vient moins au monde qu’il ne tombe dans un langage » ; cette formule de Jacques Demarcq, fil rouge de ce recueil, définit aussi sans doute sa poétique, elle ravira les analystes.

Nezahualcoyotl, Sur cette terre, à nous prêtée

Le nom de ce prince chichimèque, qui vécut au quinzième siècle (1402-1472) et fut roi de Texcoco, signifie Coyote famélique. Texcoco, formait avec Mexico-Tenochtitlan et Tlacopan, une triple Alliance qui menait des "Guerres fleuries" de manière à faire prisonniers de futures victimes sacrifiées au dieu Uitzilopochtli. Le seigneur guerrier n’en était pas moins poète, à l’instar d’un roi David nous précise l’un des traducteurs du nahuatl, Jean-Claude Caër, et selon une lecture faite à Wittgenstein, une manière de roi-philosophe à la Qohélet. Sa présentation, Dans la contemplation des cimes, est suivie d’une substantielle introduction de Pascal Coumes de manière à éclairer le contexte, qu’il s’agisse de l’histoire, de l’organisation sociale, de la pratique poétique, de la langue, et plus précisément en ce qui concerne l’oeuvre traduite ses thèmes : le dieu, le destin de l’homme, la poésie elle-même. Le commentaire du poème 28 explicite plus particulièrement dans quelle sorte de théo-cosmogonie s’inscrit la poésie de Nezahualcoyotl, avec l’image de « L’Arbre fleuri », la maison de l’univers étant comparée à un arbre, dont chaque homme est une fleur :

« L’Arbre fleuri est un arbre intérieur, auquel on s’identifie individuellement et collectivement. Il donne naissance au « rayon du chant » : origine mythique et divine de la poésie, il grandit l’homme et l’élève à sa plus haute potentialité ; il est aussi nourriture des dieux, des oiseaux qui les symbolisent : la calandre de l’aube (le zacuan), et le quetzal. » Le poète est alors l’homme dont l’ivresse poétique mène au lieu de l’immortalité.

Ces informations sont précieuses, pour mieux saisir encore des vers où "éclate la profondeur de la pensée" et le traducteur ajoute "souvent dans une quasi-banalité formelle" qui en est le signe de grandeur poétique.

Ainsi, ce chant qui échappe à la déploration, qui est le lot de la majorité de ceux qui nous sont proposés (malgré les éclats de beauté), invitant à goûter l’instant précaire :

Frappe haut
Ton tambour fleuri.
Toi qui chantes,
Frappe tes maracas fleuris !
Ainsi se répandent les fleurs de maïs grillé
Et les fleurs de cacao,
Qui tombent ici en pluie,
Au son des tambours.
Que la joie soit en nous !
[...]
Ainsi je les écoute,
L’Arbre fleuri et les tambours.
Avec eux il vit, il vit,
L’oiseau précieux aux plumes rouges ...
En lui, il s’abandonne, Nezahualcoyotl.
Il va chantant ses chants fleuris,
Dans la jouissance des fleurs.
[...]

La lecture de l’ouvrage que les éditions Arfuyen [23] mettent aujourd’hui à la disposition du lecteur, après qu’il a connu une première publication par les éditions Obsidiane en 1985, pourra être complétée par celle de La Fleur, Le chant, traduction de In xochitl in cuicatl, l’accolement des deux mots signifiant en nahuatl la poésie, un ouvrage de Patrick Saurin, avec un avant-propos de Claude Louis-Combet, aux éditions Jérôme Millon, 2003 [24].

© Ronald Klapka _ 19 janvier 2010

[1D’un autre des Cinq poèmes qu’il traduit pour la revue Fusées n° 12, octobre 2007, Christian Prigent retranscrit : le/poème peut se lire horizontalement et verticalement/ce qui renforce remarquablement l’effet prière de recopier.
Ce que je fais en forme de reconnaissance du dossier Oskar Pastior, réuni par la revue :

— Christian Prigent, La mise en jeu, qui en annonce la couleur :
« la poésie de Pastior est d’une violence imparable et ses opérations de langue d’une subtilité vertigineuse. Entre cette violence des textes - une violence savante et joueuse, éloignée de tout lieu commun - et la paisible humanité de leur auteur : une tension, souriante et brûlante à la fois. Seule cette tension rend les hommes fréquentables. Parce que seuls les hommes ainsi faits savent que la communauté des vivants n’est possible que fondée sur le savoir de l’impossible de toute communauté. Éthique, alors : une urbanité rétive à toute promiscuité veule - et l’amour de la singularité cruelle des styles. »

— Poèmes d’Oskar Pastior, traduits par Michelle Grangaud,
Jacques Roubaud, Alain Jadot, Renate Kühn, Christian Prigent, qui dans l’introduction ci-dessus indiquait aussi : « Le poète Oskar Pastior, il l’a déclaré lui-même, n’écrivait pas en allemand. Il écrivait plutôt dans l’allemand. Écrire dans l’allemand, c’est écrire dans une sorte de langue hétérogène et inouïe qui sort l’allemand de lui-même : de sa clôture phonique, sémantique, syntaxique. » — Michelle Grangaud, Moment Oulipien et Pour Oskar Pastior — Alain Jadot, PastiOral — Bernard Noël, Une langue en volume.

[2Stéphane Mallarmé, Petit air ou Le bain, 1894, v. Poésies, éd. Poésie/Gallimard, p. 54. V. la lecture de P. Bénichou, in Selon Mallarmé, p. 435-444, folio-essais, 1995.

[3Le post-scriptum de l’essai Gloire à eux ! (Une célébration à l’Orangerie) précise l’emploi du mot jubilation versus jouissance qu’a fixé le lexique lacanien (pp. 113-114), explicite aussi :« L’improvisation en art permet d’éprouver, mais aussi de montrer comme par l’effet d’une mise en abyme, la création à l’état pur ». (v. pp. 115-118)

[4Le Michel Henry de Paul Audi, aux Belles-Lettres, est à la fois un guide de lecture très clair de l’oeuvre, mais dans lequel l’esprit critique ne cède en rien à l’empathie et aux proximités de pensée.

[5La tentative de Mallarmé est une étude de Paul Audi, reprise dans Créer, aux éditions encre marine en 2005, et que l’on retrouvera dans une édition remaniée et augmentée, Verdier, coll. « Verdier-poche », 2010.

[6Paul Audi présentera au colloque de l’Aleph, Lille, Le paradoxe du Surmâle : « Dans l’univers des contributions de la littérature à la psychanalyse, Le Surmâle d’Alfred Jarry, roman paru en 1902, devrait jouer un rôle de première importance, à condition toutefois d’en interroger la lettre dans la perspective des rapports entre le désir, la demande et l’amour. Ma communication entend présenter les grandes lignes d’un travail que j’espère publier à l’automne 2010, où la double question lacanienne du non‐rapport sexuel et de sa suppléance par l’amour se voit recevoir de Jarry un éclairage décisif »

[7Certains paragraphes du texte ont été rédigés sur la base de réponses données dans un entretien avec Vanessa Prévost. Celles-ci figurent en ligne sur le site des éditions Verdier, où Paul Audi a déjà donné dans la collection de poche de l’éditeur Rousseau : une philosophie de l’âme, dont Robert Redeker a pu écrire que ce livre est appelé à prendre place parmi les très grandes lectures de l’œuvre du Citoyen de Genève.

[8De ce livre, Roger-Pol Droit écrivit :
« Pour saisir le sens et les conditions de cette intensification [de la vie] et de cette « réjouissance » — présente chez certains auteurs d’exception, en dépit de leur intranquillité — il faut lire le livre de Paul Audi intitulé simplement Créer. On comprend avec ce texte l’unité profonde de ses pérégrinations antérieures. Elles convergent toutes vers ce qu’il nomme « théorie esth/éthique ». L’idée centrale, à la fois curieuse et neuve, est que l’acte de création et le comportement éthique ne forment, dans le fond, qu’un seul et même geste, qui naît de la vie elle-même et finalement l’excède. « C’est l’excédence de la vie, la plénitude débordante, irréductible du vivre, que l’individu ne peut mettre à distance de soi, c’est cela qui fonde dans les profondeurs de l’être le règne de l’activité créatrice. » Quant à l’éthique, indissociable de cet excès de la vie sur elle-même, elle consiste d’abord, pour Audi, en un travail sur soi. « Un travail, ajoute-t-il, où c’est moi-même qui suis la tâche. » C’est ainsi l’acte même de création qui se révèle éthique et esthétique tout ensemble. On se trouve fort loin d’une conception simplement normative et seulement rationnelle de la moralité. » Le Monde des livres, 20 mai 2005.

[9Bernard Noël, Les Plumes d’Éros, POL, janvier 2010.

[10D’aucuns pourront relever que n’y figure pas Le Château de Cène, certainement pas pour des raisons de sensure l’ouvrage aujourd’hui étant aujourd’hui aisément accessible, dans la collection L’Imaginaire, et complété du dossier suscité par les remous alors provoqués. En revanche figurent de nombreux textes publiés aux éditions Fata Morgana, qui étaient moins accessibles, souvent en raison du petit ombre d’exemplaires publiés.

[11Dont une version, plus brève, parut à la suite de la réédition par les éditions Lignes de L’enfer, dit-on.

[12Rappelons l’exergue : « ...il faut envisager l’univers organique sous l’angle de la complémentarité ; ainsi l’érection même est la moitié du geste... » Dr Georges Roy.

[13Première publication, publie.net, édition numérique.

[14Jacques Ancet, Bernard Noël ou l’éclaircie, Opales, 2002.

[15Patrick Wateau, Bernard Noël ou l’expérience extérieure, éditions José Corti.

[16Revue L’Autre, n° 2, 1991.

[17Ah, pensa JR, ahhh ! // Et c’est ainsi qu’Oskar Pastior devint membre de l’Oulipo. Cité par Michelle Grangaud, in Fusées, op. laud., p. 16.

[18Ainsi se présente le poète pour la revue de(s)générations, au début d’un texte intitulé, Les pauvres n’ont pas d’avenir. On le trouvera ainsi que quelques autres sur une page de sitaudis, avec une chaleureuse présentation et une bibliographie, dans laquelle je mettrais en valeur arbitrairement Les Zozios — ne pas rater les podcasts sur le site des éditions Nous —, les traductions de Cummings et de Zanzotto, Les contes z’à diction...

[19En voici la quatrième de couverture signée de l’auteur :
Nerval m’est un vieil ami. Peu enclin au romantisme, je me suis souvent demandé ce qui me liait à lui. J’étais, je suis toujours fasciné par les sonnets des Chimères, bien sûr : leur énigme et leur limpidité tout à la fois. Mais c’est surtout dans Sylvie et ses autres récits du Valois que je me promenais ; j’y retrouvais un peu de mes paysages dans une contrée proche.
Je me suis mis à écrire avec lui. J’ai emprunté la trame d’un de ses contes pour un livret d’opéra dont le style, certes, est aux antipodes du sien. Plus tard, j’ai retracé sa vie dans la bouche d’un enfant. Entre temps, je lisais et relisais Sylvie, Aurélia , et ses autres textes. Plus j’allais, plus son écriture acquérait une vie autonome, détachée de sa biographie et des paysages qu’il a parcourus, pour s’engager avec une incroyable lucidité dans la folle aventure des signes.
Comme l’a senti Proust, il est l’anti-Sainte-Beuve : sa vie l’explique peu. Son œuvre montre avec douceur qu’un être humain vient moins au monde qu’il ne tombe dans un langage : une mise en forme de la réalité dont les bases culturelles, toujours un peu mythiques, recèlent désirs et dangers. Nerval ne m’en est devenu qu’un ami plus intime.

[20"Dans la Lune", revue trimestrielle de poésie contemporaine, a pour ambition de donner aux enfants, et aux plus grands, le goût de la poésie d’aujourd’hui. La ligne éditoriale est confiée à Valérie Rouzeau, en résidence au Centre de Créations pour l’Enfance de Tinqueux.

[21Lire cette note sur le site des éditions Jean-Michel Place, où eut lieu la première publication.

[22Cette partie a été publié dans Europe, n° 935, 2007.

[23Nezahualcoyotl, Sur cette terre, à nous prêtée, Les chants de Nezahualcoyotl, roi de Texcoco, traduit du nahuatl et présenté par Pascal Coumes et Jean-Claude Caër, aux éditions Arfuyen.

[24La fleur, le chant, traduit du nahuatl par Patrick Saurin, éditions Jérôme Millon, 2003. Quelques grands poèmes présentés de manière bilingue, font l’objet de commentaires détaillés quant à leur poétique et l’arrière-fonds civilisationnel.