La littérature, espace thymique

19/10/09 — Jérôme Lhuillier, Penser/rêver n° 16, Caroline Gros, Ludwig Binswanger, Éric Pesty éditeur, Philippe Grand, Lyn Hejinian, Michèle Cohen-Halimi, Claude Royet-Journoud


Quand sans cette fraude universelle personne
ne pourrait vivre :
pas plus Shakespeare, agioteur sur le grain,
que toi Timon ;
Geryon dissimule les principes
du Singe sur l’épaule, de la Patate chaude,
de la Livre de chair & du Concours de beauté,
et seul un Molière pourrait au sommet de son art
caractériser joyeusement le petit porteur
dans le rôle comique du chapperoniste
ou du greater fool s’aventurant
dangereusement loin de la rue Quincampoix :
En vérité, la crème du lait va toujours au gros chat.

Jérôme Lhuillier [1]


Rencontrer l’indésirable.

Avec Les scènes indésirables, Michel Gribinski [2] revient sur un épisode assez méconnu, en dehors, en 1975, de la publication de Au nom de la race par Marc Hillel et Clarissa Henry, une des facettes du programme "racial" du III° Reich : l’institution du Lebensborn [3]. Il le fait en psychanalyste, ce qui n’exclut pas un chapitre [4] documenté autant qu’il est possible, à partir de la bibliographie des références des auteurs précédemment cités, et des archives de la seconde partie du procès de Nüremberg, procès d’un certain nombre d’exécutants du "programme".

L’entrée en scène, l’avant-propos du livre en ses premières lignes est remarquable, et elle donne à penser, à élargir la pensée, autant que faire se peut, avec ce coin enfoncé dans le réel, duquel on peut s’abstraire en spectateur certes, le temps d’une représentation, de la lecture par exemple, mais qui au-delà de la sidération première ne manquera pas de faire retour pour interroger une époque, et le sujet que nous sommes immergé dans cette (grande) époque :

« Quand je pense à ce qui est indésirable, ce sont des scènes concrètes qui viennent. Comme si une scène concrète était la plus petite fraction nécessaire à la pertinence d’une représentation indésirable. Une « représentation indésirable », c’est, pour le dire en termes vagues, qu’une chose arrive dont on ne voulait pas, qui s’impose à l’esprit jusqu’à le diriger là où il s’était construit pour que cela, précisément cela, n’ait pas lieu. Cela : par exemple, le signifiant auquel on obéit sans le savoir vraiment ; le déroulement de la vie qu’on ne peut empêcher, de même qu’il ne semble pas possible d’interrompre l’évolution, réglée par des lois, d’une tragédie classique ; le rejet d’une personne, persona non grata, ou de plusieurs et on les appelle alors des indésirables. »

Ce « commencement » vient de loin.
Qu’on lise ou relise attentivement ce qui suit (au chapitre I), et lumineux quant à des points tellement obscurs apparaîtront les chapitres III et IV, qui tâchent effectivement d’éclaircir le « malaise » : Au-delà du principe de la haine (III), Scènes de la vie régressée (IV).

« Je ne me référerai pas seulement à la cure analytique : la scène de l’analyse peut être un peu partout, ne pas se cantonner au divan. La scène de l’analyse peut être, par exemple, dans une fiction littéraire - contrée immense où l’on travaille à agrandir la conscience que nous avons de notre réalité, à en décrire l’énigme, où Freud élut ses précurseurs, où nous continuons sans cesse d’élire les nôtres sans oser le plus souvent le dire ou même le penser. [...]
La scène de l’analyse peut être partout, et donc aussi au dehors de soi, dans un monde que l’on ne sait pas trop comment appeler, qui est celui des rapports de l’individu à la collectivité, à la communauté des hommes. La psychologie individuelle croit percevoir ces rapports : elle les constitue en les instituant. Sa perception est, de ce fait, en partie imaginaire, et en partie soumise à un réel, à des phénomènes dont la psychologie sociale, l’histoire, l’économie tentent de saisir les déterminations. [...]
La cure n’est pas une synthèse de l’individu en majesté, mais bien plutôt la lente ontogenèse de sa décomposition. Et le sujet décomposé de la cure fera connaissance avec les éléments négatifs qui le constituent, avec son appartenance à ce qui n’est pas lui, avec le destin clivé de cette appartenance. À la place du fameux « avènement de mon désir » à la mode d’il y a trente ans, on rencontre en vérité l’indésirable. Le destin des pulsions sur la scène de l’analyse, c’est l’indésirable. »

En effet, il est indispensable de se le remémorer, si l’on veut tenter de comprendre qu’une catégorie rationnelle où la scène indésirable est totalement étrangère au désir, que le Lebensborn ait pu également figurer un amour de cauchemar [5] : un Himmler, en papa-gâteau le jour de son anniversaire, un ancien dirigeant de « foyer » tout ému à des retrouvailles avec une supposée pupille.

Michel Gribinski se réfère ici à la catégorie de déshumain, explorée entre autres, par Pierre Fédida, aux travaux de Laurence Kahn [6], redonne au titre du livre de Primo Levi l’entièreté de son sens [7].

Et s’il cite Pierre Bergounioux, c’est certes qu’il en connaît, apprécie l’oeuvre, en a repéré des proximités de pensée (Pierre Bergounioux fait partie du comité de rédaction de la revue Penser/rêver, il y est présent dès le premier numéro). Un entretien Où est le passé [8] témoigne par sa vivacité et sa franchise de l’estime dans laquelle se tiennent les deux hommes. Ici, rationalité oblige, la référence est a contrario de : « la rationalité fragile, naissante, nimbée de l’étrangeté des origines et pourtant toujours à la fois première et seconde, dont Pierre Bergounioux chante l’événement tendu et les conditions dans toute son œuvre comme dans Une chambre en Hollande [9] ». (68)

Et la communauté de réflexion ira jusqu’à ne pas hésiter à affirmer :

« "Ce qui nous arrive" : ces mots vagues, je les emploie à dessein. Pierre Bergounioux ne les renierait pas, j’en suis sûr, s’il ne les a pas écrits, peut-être plus d’une fois. Ils mélangent des temps, des personnes. Ces mots vagues mélangent aussi des niveaux de conscience, des capacités d’identification et des évènements ou des scènes, et cela me convient quand « ce qui m’arrive » a, par exemple, à voir avec cette chose si impeccablement en ordre qu’est le Lebensborn, où tout fut fait pour révoquer l’idée même de mélange. » (65)

"Ce qui nous arrive", voilà qui n’est pas sans rappeler "Things happen" dans Geoffrey Hill : Ovide sous le III° Reich [10] , tandis que dans le même recueil, Chant de septembre, le premier mot est "Indésirable" [11].

Penser/rêver n° 16

Juste un bref écho et pas plus de cette récente parution semestrielle ; il y a donc jusqu’au printemps prochain (n° 17 :« A quoi servent les enfants ?) » pour en épuiser le sommaire, dans lequel auront été précisément repérés les noms de Pierre Bergounioux et de Michel Gribinski.

Ce numéro de l’automne 2009 a pris pour thème « Un petit détail comme l’avidité » dont l’argument est fourni par ce propos tenu par Winnicott : L’économie ? Une « science de l’Avidité dont toute mention d’avidité serait bannie » (dans le Liberal Magazine, en 1945) [12].
C’est donc avec une avidité certaine que je me suis jeté sur l’article de Pierre Bergounioux : « Une querelle franco-anglaise ». La plume allègre -côté rythme - de celui qui ne peut « dissocier la félicité personnelle de l’égalité universelle » court à partir de ce constat :

« Ou alors un fantôme hante le monde depuis la fin des sociétés d’Ancien Régime sous l’effet combiné des deux révolutions, industrielle, anglaise, et politique, française. Des entrepreneurs protestants pessimistes et des intellectuels parisiens radicaux ont proposé au genre humain deux thèmes nouveaux, l’abondance et l’égalité, dont l’un, le premier, a connu depuis lors une fortune ininterrompue, éclatante tandis que l’autre, qui lui est partiellement opposé, brillait par intermittences d’un très vif éclat et semble aujourd’hui éteint. »

Dans le glossaire de l’avidité de Michel Gribinski, on lira avec intérêt quelques « reflets » alphabétiquement disposés : Dillon, Fédida (relevant l’expression« courir le temps »), Freud, Keynes, Klein, La Bruyère, Phillips (penser/rêver s’intéresse de près à ce psychanalyste britannique — que traduit Michel Gribinski [13] ), Quinet, Sciascia et ce vers : Soltanto un tremore di cose specchiate può darmi delirio di tempo [14].

Ajoutons quelques pages de Journal de Jean Imbeault (février-avril 2009) ; elles zooment sur Monsieur Klein. J’y relève, à propos de l’art du cinéaste :
« Dans ce film, Losey est plus que jamais le cinéaste de la résistance. Non pas d’une sédition ou d’une rébellion, d’une résistance héroïque menée au nom d’une cause ou d’un idéal. Mais cinéaste de l’acte de résistance : violence statique, indéfiniment durable, jamais épuisée ni épuisable. Son art devient ici celui d’une très profonde incroyance, l’art d’un homme (ou d’un enfant) qui ne croit pas en l’avenir d’un monde asservi, pas plus qu’en celui d’une culture inventée et entretenue dans la culpabilité et dans l’angoisse. »

Caroline Gros, Ludwig Binswanger

Porte sobrement ce titre l’essai en forme de monographie par Caroline Gros [15], de Ludwig Binswanger, initiateur de la Daseinsanalyse ou encore analyse existentielle, dans laquelle les étapes de la pensée du psychiatre philosophe sont constituées de dialogues avec Sigmund Freud [16] , Edmund Husserl et Martin Heidegger.

Les lecteurs d’Henri Maldiney, tout particulièrement de Penser l’homme et la folie [17] , titre complété par : A la lumière de l’analyse existentielle et de l’analyse du destin, seront très certainement attentifs, réceptifs à cet ouvrage [18].

Peut-être faut-il repartir des mots-mêmes de Binswanger dans sa préface à une de ses études les plus citées, Le cas Suzanne Urban [19], pour percevoir l’originalité de sa démarche [20], quant à la compréhension des maladies mentales :

“Nous sommes de l’avis de Merleau-Ponty quand il dit : « ce qui garantit l’homme sain contre le délire ou l’hallucination, ce n’est pas sa critique, c’est la structure de son espace », et nous croyons avec lui que la présence du malade délirant persécuté confrontée à celle de l’homme sain s’explique par « une modification de la spatialité originaire » ; quant à nous, il nous restait à faire le pas décisif pouvant nous amener à comprendre le délire de persécution sous l’angle de l’analytique de l’existence et à montrer que c’est une certaine puissance existentielle qui rend tout d’abord possible cette « modification de spatialité » (et surtout celle de la temporalité ou de l’expérience délirante) et que, ici, la puissance existentielle est représentée par la puissance « déchaînée » de la terreur.”

Avec les mots de Caroline Gros :

“La spatalité n’est certainement pas simple affaire du corps, même s’il y est impliqué. Elle est, en effet, avant tout une donation apriorique de l’amour et de l’interexistentialité qu’il rend possible. Il n’y a de sens à comprendre le désarroi dans lequel nous projette une déception, qu’à déceler qu’elle rompt (au sens propre) le fil de notre rapport au monde et nous laisse choir.”

Cette structuration de l’espace [21], et je pense à celui du texte [22], n’est rien moins qu’anodine quant à s’orienter dans la pensée, ou encore dans l’exploration, la découverte de ce livre dont Caroline Gros nous indique en introduction le chemin : « pour initier le lecteur à ce qui a, quand même, été un fil directeur, même s’il n’est pas l’unique, nous voudrions indiquer que nos trois parties, si elles se divisent en psychanalytique, phénoménologique et daseinsanalytique, n’en suivent pas moins une question qui, à son tour, ne confine pas à l’unité, parce qu’elle ne se laisse véritablement cerner que latéralement, c’est-à-dire aussi périphériquement, à savoir avant tout pour autant que l’on parte de l’essence de l’être humain : le corps (Leib). En ce sens, le corps dans sa dualité irréductible de corps physique objectivable (Körper) et de corps-ipse subjectivable (Leib), corps vivant et vécu, corps propre, est transversalement cela même autour de quoi ce travail a pris corps. »

On notera au fil des chapitres à l’intersection du corps et de l’espace, l’insistance du thème de la vie : entre psychanalyse et psychiatrie clinique : la question de la vie ; une éidétique de la vie ; une herméneutique de la vie ; une disjonction interne à la vie ; les radicaux existentiels du vivre.

De ce passionnant ouvrage, la notice d’Électre mentionnera : public motivé. Qui interdit de l’être ? [23]

Éric Pesty Éditeur

Avoir sur la table les derniers ouvrages publiés chez Éric Pesty Éditeur, c’est être convié à une aventure rare, de plus en plus rare peut-être [24]. Disons-le carrément, un privilège

D’abord de réaliser ceci :

« Pour moi, un livre est un espace mental spécifique qu’il faut inventer à chaque publication. Dans ce sens, je cherche à ce que le texte que j’édite ait une certaine exactitude par rapport au volume concret, matériel qu’est un livre. Pour chaque publication je tente de résoudre au plus juste une équation entre la nature du texte, le projet typographique et l’espace objectif du livre [25]. »

Et cela s’impose dès la couverture !
Quant aux titres, aux auteurs, nul doute qu’ils s’imposeront très vite aux amateurs de littérature, des "marges de l’écriture poétique", et prêts à découvrir "des textes différents, parfois un peu atypiques ou déroutants", selon les mots-mêmes de l’éditeur marseillais.
Ceux qui viennent de paraître appartiennent à la collection des ouvrages brefs, agrafés, sur le modèle des chapbooks américains, et qu’Éric Pesty voit chapitres adjoints à un livre ou des chapitres de livres en cours d’écriture.

Si le site que propose Éric Pesty Éditeur est extrêmement bien fait en ce qui concerne la navigation, le passage d’un élément à un autre, pour mieux connaître un auteur, son oeuvre en cours, et procède de ses choix, de son intention profonde, il n’en reste pas moins le désir de donner quatre fenêtres sur les quatre livres présentement en librairie, malgré l’évidence que ces livres se donnent d’abord à lire plutôt qu’à commenter, chacune des entreprises d’écriture ouvrant un espace intérieur (cf. Goethe cité par Binswanger : « Ô Dieu, comme le monde et le ciel se resserrent/quand notre coeur se serre dans ses limites ») ; donc quatre fenêtres, ouvertures autant anthologiques qu’ontologiques.

   TDM, Philippe Grand

L’entreprise de Philippe Grand, au long cours, ne laisse pas de surprendre, quelques notes de sa main ajoutées en cet ouvrage, pour compléter tout ce que le site donne d’indications [26] sur ce projet d’écriture d’une belle et ferme constance :
(6) Le hasard a présidé à la constitution de ce pseudo-poème que « mon projet TDM » a généré sous l’apparence d’une Table Des Matières. Sans doute ÉP a-t-il pensé que, pour autant, du sens n’en est pas absent, du moins que la colonne de lignes trahit autrement mais encore mon souci de la façon dont de l’une à l’autre il se précise, se perd, se retrouve..., ou figure, comme malgré elle, un nuage fidèle de mes .
(7) Il y avait aussi, à établir telle liste si tôt (encore que NOUURE dans sa version grasse...) et pour moi seul, quelque chose d’absurde, ou de vain, ou d’infantile, défauts qui n’étaient pas pour me déplaire ; mais ce plaisir-là n’était, somme toute, que l’habillage de la certitude d’avoir à le faire, contre laquelle un autre avait montré qu’il ne faut pas aller.
(8) Puis-je dire que cet intérêt pratique, cette qualité d’outil du TDM, dite à l’époque subsidiaire, s’est imposée à mesure que grossissait le chiffre et qu’aujourd’hui elle est le seul vrai socle de mon oui, d’accord, faisons-le ?

   Gesualdo, Lyn Hejinian

Il ne s’agit pas d’un écrit récent. L’auteure [27], est traduite par Martin Richet. Ceci explique sans doute Jacataqua 02, après un 01 [28] , une référence à William Carlos Williams et à Au grain d’Amérique.

L’édition est très soignée : composition "au plomb" chez Harpo &.
Conclure ainsi :

convaincante                 Selon leur proportion et condition l’esprit
une totalité                  audacieux fortement chéri côte à côte peut
                              noter, comme la barre de mesure de moitié
                             
pointillée et complète émotionnelle va plus
                             
loin, Gesualdo, en mesure pointillée et a, d
                             
là, couplant nos voix, deux chacune. Me voilà.
                             
Que ce soit audacieux ainsi à jamais.

   Figuren, Michèle Cohen-Halimi

Le titre renvoie ici (p. 19) à Shoah (Claude Lanzmann) : « Les Allemands nous imposaient de dire/concernant les corps,/qu’il s’agissait de Figuren/c’est-à-dire de.../marionnettes , de poupées... »
Tout comme Seul le renversement proposait une lecture du premier livre de la « Tétralogie » de Claude Royet-Journoud, Figuren se propose ici comme une lecture de Théorie des prépositions :

« Théorie des prépositions s’incurve sous la pression des pages à la pesanteur inversée. Foyer tournant de ce qui a été. Ellipse et force intégrale. Comme un mouvement projetant le corps vivant dans le fond d’une mémoire. « L’on ne saurait douter que la lumière ne consiste dans le mouvement de certaine matière." (Christian Huygens) La lumière ne se propage pas sur des surfaces planes mais par des ondes sphériques. Elle est un phénomène vibratoire, qui requiert du regard qu’il s’oriente, informe les perspectives, saisisse toutes les altérations réglées, qui empêchent la lecture d’être un double de l’écriture et l’écriture le cadavre de la lecture. »

   Kardia, Claude Royet-Journoud

Ce livret, composé lui aussi, au plomb, aura comme aimanté dans son titre et dès le poème initial les thèmes qui se seront imposés à cette lettre :

la montée des eaux repousse l’ordure
et fait surgir
un corps oublié

la folie d’un ordre

elle parle de l’économie du mur
j’entends
l’économie de dieu

poupée couchée dans la caisse
qui « craint l’humidité »
visage tuméfié de celle qui meurt

c’est
de son vivant
l’assujettissement à un rôle

Face à l’inéluctable : la fragile puissance du poème, sa "thymique" ; et comme répondant à « Et mon coeur n’était que vos pas » (Paul Valéry), les mots ultimes de Kardia :

J’aime quand tu me parles.

© Ronald Klapka _ 19 octobre 2009

[1Jérôme Lhuillier, En cette grand époque, Flammarion/poésie, février 2008.

[2Michel Gribinski, Les scènes indésirables, éditions de l’Olivier, octobre 2009. Du même et sous le même titre un chapitre du collectif Humain, déshumain sous la direction de Jacques André, PUF, Collection "Petite bibliothèque de psychanalyse".
Un compte-rendu de ce livre est donné par Jérémie Majorel, sur le site Espace Maurice Blanchot.

[3Généralement méconnue, cette entreprise eugénique nazie s’est livrée à l’élevage de dizaines de milliers de nourrissons séparés de leur mère et a donné lieu sans haine particulière à l’enlèvement et à la désindividuation de centaines de milliers d’enfants (chrétiens) des pays occupés ainsi qu’à leur meurtre de masse quand ils étaient déclarés non « germanisables ».
Les scènes indésirables , quatrième de couverture.

[4Chapitre II, pp. 31-62, et annexes, pp. 103-113.

[5La note 1, pp. 81-82, relative à Eichmann rend justice à la perspicacité d’Hannah Arendt qui fut si décriée.

[6Laurence Kahn, Faire parler le destin, Klincksieck, collection « Méridiens Klincksieck » ; v. cette présentation de Fabula.

[7Le titre de Primo Levi, Se questo è un uomo, est imparfaitement rendu par Si c’est un homme. Les vers introductifs où il est pris - « Considerate se questo è un uomo/Che lavera nel fango [ ... ] » sont traduits par : « Considérez si c’est un homme/Celui qui travaille dans la boue [ ... ]. » Dans les mots isolés du titre, le sens de e questo » va vers « ça » ou « cela », vers le déictique péjoratif, vers la désubjectivation en cours dans le poème même. On voit bien le déictique, le doigt qui montre : « Si ça, c’est un homme » ou, plus loin dans le poème, « si ça, c’est une femme » - « si ça a encore quelque chose d’un humain ». Les scènes indésirables, note 1, p. 28.

[8Pierre Bergounioux, Michel Gribinski, Où est le passé, éditions de l’Olivier.
En ligne, un enregistrement à la BU de Lorient.

[9Pierre Bergounioux, Une chambre en Hollande, Verdier, 2009.

[10Traduction donnée dans cette note.

[11Lire cette traduction de Roger Gallet, sur le site Temporel d’Anne Mounic.

[12Lire l’argument in extenso.

[13Lire cet entretien : « A quoi servent nos peurs » d’Adam Phillips avec Michel Schneider, à l’occasion de la parution de Winnicott ou le choix de la solitude aux éditions de l’Olivier sur le point.fr.

[14Seul un frémissement de choses reflétées peut me donner un délire de temps, traduction J-Noël Schifano, L’Arc, n° 77, 1979.

[15Ludwig Binswanger, Caroline Gros, éditions de La transparence, collection Philosophie, septembre 2009, avec table des matières et extrait dans lequel il faut relever :
La découverte psychanalytique, ainsi que le mode d’expérience très original auquel elle donne accès, ne doivent pas être minimisés ni écartés sans examen au profit de la philosophie, de la phénoménologie et de ce qui deviendra ultérieurement l’analyse existentielle (Daseinsanalyse) ; on doit en effet admettre que l’impulsion, au départ de la problématique proprement binswangérienne, est freudienne. Ce n’est qu’à la suite de longues analyses critiques, d’ordre épistémologique et théorique, que Binswanger se résout à conclure à l’impossibilité pour une approche anthropologique de se développer sur un terrain strictement psychanalytique. C’est ainsi qu’il s’orientera vers l’intentionnalité husserlienne et l’être-dans-le-monde heideggérien.

[16Il n’est que de renvoyer à Ludwig Binswanger, Analyse existentielle et psychanalyse freudienne, sous-titré Discours, parcours, et Freud, préfacé par Pierre Fédida, traduction et avant-propos de Roger Lewinter, Gallimard, collection Tel, 1981.

[17Henri Maldiney, Penser l’homme et la folie, éditions Jérôme Millon.
Extraits de la quatrième de couverture :
Penser l’homme et la folie : dans ce recueil d’études où s’est condensée, au fil des dernières années, sa réflexion, Henri Maldiney se propose de penser ensemble l’énigme de l’humanité et l’énigme de la « catastrophe » qui survient à certains d’entre nous. [...] Dans une démarche authentiquement phénoménologique, où il s’agit de retourner à la « chose même » de l’humain et de la folie, de penser en va-et-vient de l’énigme à penser à ce qui en a été dit, Henri Maldiney dégage, par sa conception toute nouvelle de la transpossibilité et de la transpassibilité, une « compréhension » globale du phénomène humain qui le rend moins intraitable que par le passé. Le « séisme » de la folie, montre-t-il, vient d’un énigmatique court-circuit de la transpossibilité et de la transpassibilité, qui est seul propre à les mettre véritablement en relief comme la dimension profonde et cachée de notre expérience : celle de l’« événement » ou de l’émergence du nouveau, de la surprise de l’inattendu. [...] « Le réel - répète Henri Maldiney comme un leitmotiv qui traverse tout l’ouvrage -, est toujours ce qu’on n’attendait pas ».

[18L’auteur est membre de l’Association internationale Henri Maldiney, et a contribué au Cercle Herméneutique, Collection Phéno, à l’ouvrage dirigé par Serge Meitinger : Henri Maldiney une phénoménologie à l’impossible, avec cet article, pp. 67-77 : Henri Maldiney : la psychose, une forme d’existence à l’impossible ? voir cet abstract.
Caroline Gros a également participé au livre-hommage A Jean Clavreul, aux éditions Apolis, avec cette contribution : De l’expérience de la cure comme
expérience de vérité : l’alètheia chez Jean Clavreul
.

[19Ludwig Binswanger, Le cas Suzanne Urban, traduction de Jacqueline Verdeaux, éditions Gérard Monfort, 1988.

[20Il est impossible d’omettre la récente traduction de : Ludwig Binswanger, Aby Warburg, La guérison infinie, Histoire clinique d’Aby Warburg, Bibliothèque Rivages, 2007.

[21Le chapitre 8, Le problème de l’espace en psychopathologie — Caroline Gros a traduit et annoté cet ouvrage de 1932, aux Presses Universitaires du Mirail (recension par Philippe Cabestan, in Etudes Philosophiques, PUF 2002) — est spécialement parlant.

[22Une note de la p. 254 confirme que Binswanger s’appuie massivement sur la littérature et la poésie pour montrer de quelle façon l’espace ne s’espace que par la médiation d’autrui. Il étudie en particulier la poétesse, Elizabeth Barrett Browning, qui a été traduite en allemand par Rilke, son époux Robert Browning, Shakespeare, Mörike, Goethe, Hölderlin, Novalis, Schiller, et bien sûr Rilke lui-même. Parmi les Français, nous trouvons surtout des romanciers : Stendhal, Proust, Balzac et Flaubert.

[23A l’attention de celui-ci, je signale donc le site Daseinsanalyse, et Penser l’existence, exister la pensée l’ouvrage d’Ado Huygens aux éditions encre marine, et précise que Françoise Dastur préside aux destinées de la Société française de daseinsanalyse ; elle aussi quelques livres publiés aux éditions encre marine, mais qui ne sont pas spécifiquement centrés sur cette activité, mais sont des ouvrages de philosophie, parmi lesquels un préféré : À la naissance des choses, sous-titre : Art, poésie et philosophie.

[24La page "Vitrine" du site pourra en donner une idée

[25Entretien avec Pierre Le Pillouër.

[26Les ouvrages, l’auteur, mais aussi cette étude empathique de Rémi Bouthonnier

[27About Hejinian’s book The Fatalist, the poet Juliana Spahr has written, "Hejinian’s work often demonstrates how poetry is a way of thinking, a way of encountering and constructing the world, one endless utopian moment even as it is full of failures." Portrait sur poets.org

[28Traduit par Martin Richet, Plasma/Parallèles/« X » réunit trois longs poèmes du poète américain Barrett Watten, parus en chapbook chez Tuumba en 1979, comme Gesualdo en 1978, v. à cette adresse une copie pdf, ou le fac-simile