fendre l’armure — où maintenant ? quand maintenant ? qui maintenant ?

24/01/2013 — Frédéric Boyer¹ ; Michel Jullien² ; Gilles Bonnet (dir.)³


« Le comte frappe avec tant de violence
Que jusqu’au nez tout le casque lui fend
Tranche le nez et la bouche et les dents
Le corps entier et le haubert d’Alger
Selle dorée et ses pommeaux d’argent
Jusqu’au cheval le dos profondément
Les deux les tue sans un secours possible
Et ceux d’Espagne en crient tout leur chagrin
Les Français disent : Beau coup notre garant [1] »



Frédéric Boyer, Rappeler Roland
Rappeler Roland - Chanson de Roland - Cahier Roland [2]

Tentant serait de copier les laisses 122 à 125, soit les pages 153 à 155, pour contextualiser l’exergue retenu (laisse 124), extrait de la Chanson de Roland, telle que Frédéric Boyer en donne aujourd’hui version. Ici « La bataille est merveilleuse et immense », merveilleuse, c’est à dire folle, absolument : Roland, pris au piège de Roncevaux, venge la mort de ses compagnons Gérin, Gérier, Bérengier, Austorje, que le « païen » Grandonie vient d’« abattre morts » ; le cheval de celui-ci - qu’il nomme Marmorie aidant (« bien plus rapide que tout oiseau qui vole ») - les chevaux sont partie prenante (Uccello passe) et Roland « Son cheval lance qui n’attendait que ça » ; je relève à peine les « choeurs » alternés des combattants, clameurs qui ponctuent la narration-description des combats singuliers que se livrent de presque égaux et tellement semblables (ainsi se reconnaissent-ils sans s’être jamais vus, mais il y a des indices ! : visage fier, corps parfait, regard et comportement..., modèles identificatoires ! et tout cela rythmé par le décasyllabe et la césure "épique" (4/6).

L’écolier qui s’enflamma tant pour les récits homériques que les chansons de geste (petits classiques Larousse ou Hatier) ne boude pas le plaisir retrouvé dans une traduction, paradoxe (on y estourbit à tour de bras et en quantité), pleine de vie, c’est à dire d’engagement total, et précisément s’en dégageant les questions qui un jour ne manquent pas de se poser : champion de qui, champion de quoi, et pourquoi l’ordalie et désigner un vainqueur ? sans omettre quelques remarques qui surgissent, relevées, elles aussi, par les commentateurs [3] : où est la trahison de Ganelon (nous apprîmes le mot félon), est-elle si sûre ? ou encore l’empereur à la barbe fleurie, in fine, plutôt dépressif ; et les femmes ? Aude, la belle Aude (pour qui l’affaire avait été chaude !) expédiée c’est le mot, et Bramimonde dont « Sa conversion veut le roi par amour » - galant homme ! - (pour les cent mille païens, c’est « Compelle intrare » (ou la mort)) : d’abord la "bataille d’hommes" pour signifier le combat "spirituel", et c’est brutal !

S’expliquant avec Philippe Petit à propos de Sexy Lamb [4], Frédéric Boyer annonçait le chantier Roland (des rémois, les mânes de l’archevêque Turpin [5] veillant assurément, eurent un soir de neige, annonce, prémices de Rappeler Roland [6]), ce poème théâtral est sans doute à l’intersection de la traduction et du travail réflexif, des notes du Cahier Roland, qui précise in fine, ce que rappeler Roland veut dire :

Et d’un son clair son compagnon rappelle

« Dans le vers original (laisse 230), D’un graisle cler racatet ses cumpaignz, le verbe racater peut signifier à la fois sonner, rappeler ou racheter ! Et force est de constater que les trois sens conviennent... On peut comprendre que Guineman, double de Roland dans le récit liturgique de la bataille contre Baligant, rappelle, en répétant le son de Roland, avec l’instrument de Roland, la geste même de Roland. Il rappelle Roland, héros de la chanson. Et ce rappel, cette sonnerie, sonne en effet comme un rachat (celui de la défaite et de l’abandon de Roland et des siens). Et d’une certaine façon, la bataille qui s’annonce ici est déjà une liturgie, donc le récit qui fait mémoire de l’histoire de Roland et de son sacrifice [7] ».

Roland, que Frédéric Boyer fait revenir vers nous, par la traduction [8], qu’il nous rend également présent, dans un monologue-vision. Celui-ci d’un grand lyrisme, « dans une langue française où perdre coeur et esprit et sauver quelque chose qui ne suit pas comme nous le rythme noir du temps » (77), par « un cérémonial sauvage et apaisé », qui mène à écrire :

« Oui aimer mon ennemi mortel. Caïn. Marsile à Saragosse. Le traître Ganelon. Offrir à l’ours lions et éperviers mués. Tous animaux vivants dans nos coeurs solitaires. Et de ma grande soeur la langue perdre le temps et les personnes. » (68)

Frédéric Boyer va, pour cela, jusqu’à se dire (et se faire) chaman. Medecine-man diraient ses amis Jean-Max Gaudillière et Françoise Davoine [9]. C’est pourquoi je note avec émotion ce chant inspiré, qui fait revenir avec l’abbaye d’Elnon, de douce mémoire (la tour, le prieuré, la rue des viviers du clos), une langue et ses enfances :

« Attendez. Écoutez.
Quelle langue parlions-nous ?
C’était la langue française.
Pas notre langue française. Pas la nôtre entièrement. Jamais tout à fait. Même encore aujourd’hui. Nous n’en avons pas tout à fait. Je veux dire de langue à nous.

Comme toute langue que nous parlons vous et moi c’est une langue faite d’inconnu de promesses non tenues de mots lointains et de figures nouvelles.

Retour. Rosée triste du matin. Vallée bleue et perdue. Je remonte la langue à contre-courant.

Je nage dans les mots et la syntaxe de Roland. Je pourrais nager comme cela très haut dans le temps de la France jusqu’à la petite Eulalie de Valenciennes première à chanter le français avant de s’envoler comme colombe dans le ciel. Brûlée vive. On n’y croyait pas. Petits seins. Des mains qui n’avaient rien tenu de bien certain. Quatorze ou quinze ans peut-être. Et noircie comme l’encre bouillante des mots que nous chantions.

C’est un français de chrysalide poisseuse dans laquelle la vieille chenille latine se mue en papillon doré et sanglant. Un français d’enfant parti en fumée. [10] »


Michel Jullien, Esquisse d’un pendu  [11]

« Retour à Montfaucon, parfois, Raoulet revit ce bagage aux allures de punching-ball, l’oeil fier, son gros secret, son rébus d’écrivain suspendu à l’empyrée de son casier particulier. Un jour prochain il y pensait, la besace ne serait plus, remplacée par un pendu flambant. Un jour bientôt mais comment s’en douter, à la veille de se perdre, le codex ne serait plus. Viendrait le livre, sa machinerie, l’imprimé, ses âges jusqu’à l’abus, son temps d’intérim puis d’autres suppléances après lui. »

Avec L’esquisse d’un pendu, son troisième livre publié aux éditions Verdier, Michel Jullien poursuit une affirmation littéraire qui prend ici une belle ampleur. Les précédents ouvrages se présentaient comme des recueils, dans lesquels, dès le premier la lecture se faisait tactile [12], tandis que la dimension d’enquête (historique), le goût du détail, l’avoisinement du grotesque et du sublime donnaient au lecteur de Au bout des comédies [13] de faire son travail de lecteur !

Celui-ci, charmé, mais pas seulement pourra continuer à le faire avec ce qui aurait très bien pu accepter l’étiquette de roman, nonobstant les anachronismes délibérés, pour la désignation d’objets ou d’actions bien situés au quatorzième siècle finissant, et qui ramènent ainsi vers nous des préoccupations bien actuelles...

Ainsi l’éditeur n’a pas tort d’évoquer dans son résumé — pour Mesdames et Messieurs les représentants & Libraires, eût ajouté Dominique Meens [14], les changements qui affectent en effet, édition, écriture, lecture, figure de l’écrivain [15], et en fin de compte un certain partage humain. Je cite :

« En plongeant le lecteur dans l’univers du Moyen Âge, ce roman en forme de parabole met le doigt sur des notions on ne peut plus contemporaines [...] surtout :

— il restitue l’ombre de l’imprimerie planant sur le XIVe siècle finissant, la mort du codex que personne n’imaginait, le basculement dans l’ère du livre en papier produit par la machine plutôt que par la main. Que vaudra la pensée de l’Histoire dès lors qu’elle s’apprête à être livrée sous une forme plus démocratique, donnée en exemplaires illimités plutôt que figée dans un livre unique, commandé, produit et lu par ceux seuls qui l’ont voulu ?

— en filigrane, pour notre époque, les révolutions se répétant, ce récit évoque l’émergence du numérique et l’annonce de la disparition du livre de papier, comme cela advint après le brevet de plomb de Gutenberg. L’invention du livre de papier date de 600 ans, elle semble pendable de nos jours, le numérique est là, profitable. Q’importent les procédés matériels (codex, livre, numérique), le principal réside dans l’influence a priori secondaire mais décisive qu’impriment ces ruptures, ces progrès, ce renouvellement des moyens de lecture sur notre mode de pensée et sur la perception que l’on se fait de notre monde. »

Cet ajout — il ne figure pas en quatrième de couverture — ne fera pas oublier que le livre de Michel Jullien est excitant en lui-même pour la qualité de son style : la description de la "Machine" (le gibet de Montfaucon) est hallucinante, mais n’est pas gratuite [16], voyez comment se reclôt le premier chapitre, ses enseignements, sa manière d’allumer l’intrigue [17] :

« C’est pourquoi Montfaucon se prétend moins théâtre de tuerie que géode à conjurer l’imaginaire, à dévoiler la corruption des chairs, la pourriture dans sa gestation lente, la putréfaction in vivo, l’éprouvette, la décomposition en direct, en temps réel, grandeur nature. Elle a la vertu d’un sablier étalonné sur deux, trois ans et plus, sans retournement de bâti, à ampoule unique, sans mouvement interne, décomposant l’affaire des vies à grands laps putrescibles. Elle enseigne. Lieu d’archivage, bibliothèque publique, elle enseigne comme un livre grand ouvert sur le pupitre de sa bute, un codex de pierre, un bloc stationnaire dont Raoulet d’Orléans gravit un à un les degrés le 11 juin I375, un lundi, calendrier julien. »

Puisqu’on ne peut mentionner roman historique ou roman noir, peut-être que l’appellation « une affaire d’écritures » conviendrait pour ce qui mêle ces deux dimensions, y ajoutant une interpellation réflexive, dans une forme désormais reconnaissable (précision quasi maniaque, puissance du sensoriel, humour dévastateur, goût de l’ellipse brusque, appel à l’intelligence du lecteur) : qui abordera la lecture de Michel Jullien par cet ouvrage tirera profit du retour amont vers les deux premiers publiés chez Verdier. Une « annexe » dont je cite la fin, traduit bien la manière de l’auteur :

« Tout me revient si clairement. Pourquoi cette exactitude de souvenirs, des années après ? Parce que, peut-être, en montagne, on ne pense pas ; l’importance cruciale de chaque geste ne le permet pas. Grimper n’accorde aucun recul, aucun écart d’entendement, pas d’évasion de la pensée. Alors l’esprit s’imbibe comme une éponge de toutes les impressions de l’escalade qui autrement auraient été tronquées, interprétées ou tout bonnement perdues. Impressionné à la façon d’une plaque photographique, l’esprit est capable de les restituer ensuite, intactes, complètes, enchaînées dans le bon ordre, aussi minimes fussent-elles, comme la « boîte noire » de l’ascension. Explication naïve, mais elle me plaît. Et si elle a une quelconque justesse, elle doit être vraie de tous sports. »

Ainsi parvient-on au sommet, dont la machinerie de Montfaucon nous aura fourni la métonymie (34).


Gilles Bonnet & alii & aliae, L’inactualité
La littérature est-elle de son temps ?  [18]

Gilles Bonnet est apparu récemment dans l’horizon des lectures avec d’une part, un très remarquable essai sur François Bon, l’écrivain [19], tandis que la recension d’un livre de Louis-Combet sur Huysmans, signalait bien plus que l’éclectisme de l’enseignant-chercheur, un rapport r/affiné à la textualité, à la dialectique écriture/lecture [20].

Cela devait-il le désigner pour la maîtrise d’oeuvre (séminaire, colloque, édition) de L’inactualité aux éditions Hermann, avec ce sous-titre : « La littérature est-elle de son temps ? ». Possiblement.

L’ouvrage, de grand format, accueille son lecteur avec une œuvre de Jacques Villeglé, et j’en copie, en bon stationnaire, — et pour sa justesse, la raison donnée par l’editor :

« C’est par une image, certes tramée de lettres et de mots, que s’ouvre, paradoxalement, ce volume consacré à l’étude de “l’Inactuel de l’Écrire”. La lacération des affiches par Jacques Villeglé, dans son œuvre 182, rue Saint Martin, témoigne du souci de l’artiste d’agir dans son époque, tout en interrogeant ses codes et modes de signification. Ostensiblement collés à leur temps, les placards publicitaires semblent appeler la violence libératrice de la déchirure, qui rend de nouveau possible une interrogation de leur actualité, par l’écart conquis : l’écrivain de même serait celui qui “renonce à une complicité” , et d’abord à celle de la langue gelée en lieux communs. Pour Giorgio Agamben, “celui qui appartient véritablement à son temps, le vrai contemporain, est celui qui ne coïncide pas parfaitement avec lui ni n’adhère à ses prétentions, et se définit, en ce sens, comme inactuel ; mais précisément pour cette raison, précisément par cet écart et cet anachronisme, il est plus apte que les autres à percevoir et à saisir son temps.” »

La suite de la présentation donne naturellement l’économie de l’ouvrage, sa structuration ; c’est aussi une belle relecture dont l’éditeur aurait peut-être intérêt à la communiquer, comme une longue prière d’insérer. On y croise Olivier Rolin (L’Invention du monde), Chaillou (inventeur de (l’expresion) « l’extrême contemporain », Bergounioux, Michon, Quignard, Simon, in fine Novarina, des noms ici comme les crêtes d’un massif...

Bref, voilà un alléchant programme ! J’isole quelques unes des lectures (pas les miennes, celles des contributeurs) qui en dessinent l’allure.

D’abord ce drôle de titre : « En finir avec la photographie ? » en complément indispensable « Sur quelques photos de de disparus, de Dora Bruder à B-17 G ». Mireille Hilsum. Vous lirez :

« Le défaut d’images dans Dora Bruder et B-17 G est refus de l’écrasement du Temps qui se « lit à vif », selon Roland Barthes, dans la photographie historique (Chambre claire, 150).2 Nous analyserons la rétention singulière des photographies dans Dora Bruder comme refus de donner à voir « une catastrophe qui a déjà eu lieu » (ibid). Inversement B-17 G installe le lecteur au cœur d’une catastrophe qui articule le texte à l’image, le « récit absent » du texte aux visages absents de l’image. » (185-6)

Les assidus de ces deux œuvres ne s’étonneront pas de la mention en premier de cette présentation qui aussi brève soit-elle ouvre à une réflexion vertigineuse. On indiquera aussi succinctement Des Manuscrits de guerre à Un Balcon en forêt : l’impossible prise directe, par Caroline Sangouard-Berdeaux, soit Gracq revisité dans deux modes d’écriture concernant l’éprouvé d’une même période de son existence, les guillemets de « La Poésie d’une guerre » donnant à penser. Le Jadis aura censément mobilisé le discernement critique de Dominique Rabaté, lecteur, s’il en est, de l’oeuvre de Pascal Quignard : l’intempestif aura été traqué jusque dans Les Solidarités mystérieuses. Avec Jérôme Thélot, s’impose une relecture du tableau de Géricault, Le Radeau de la Méduse, en quelques lignes (celles que je retiens, et quelles !), l’essentiel :

« [...] est-il possible de hisser ce mot d’« inactualité » au rang de concept ?

Les analyses suivantes répondront positivement à cette question et s’achemineront vers l’idée d’une synonymie : elles diront de l’inactualité qu’elle est un nom pour l’âme, ou identiquement pour le secret, ou encore pour la pudeur. En particulier, l’exemple d’une œuvre illustre, Le Radeau de la Méduse de Géricault, servira tout à l’heure à reconnaître dans l’inactualité une essence : une modalité de la subjectivité, elle-même décrite comme intériorité.(131) »

Enfin, je laisserai le lecteur avec Gilles Bonnet et en compagnie de Pierre Michon :

« Au diktat de l’unité imposé par la communication de l’actualité - recouper les sources appartient au b-a ba du journaliste - la littérature de l’inactualité oppose l’épaisseur de la pluralité. Il y a du chiffonnier baudelairien en Novarina comme en Michon, dont la langue bruit d’époques, de dialectes et de registres si divers. Leur inactualité est flânerie du poète dans l’histoire de la langue. Si Michon nomme « langue morte » son style propre, ce n’est pas tant, comme on pourrait d’abord le penser, pour fustiger telle ou telle indifférence neuve dont serait coupable notre époque à l’égard d’un hypothétique dernier écrivain, mais qien plutôt po’ur glorifier le brassage d’une « langue pseudo-classique, un peu dix-septiémiste, un peu flaubertienne aussi, mais comme minée par l’argot, par une certaine dérision violente, surtout sans doute par un je incongru qui bousille de l’intérieur la belle langue universaliste des grands siècles ». Bousiller n’a que tardivement signifié « détruire » : le verbe désigne d’abord la construction avec du torchis, humble mélasse de terre et de paille (290).

De là : l’écrivain inactuel bousille le présent. »

Il y en a comme ça pour quelques trois cents pages et plus (par une trentaine de spécialistes de la littérature et des arts du XVII° au XXI° siècle), dont un index, avec à la lettre Z cinq mentions de Maria Zambrano : Temps et contre-temps des essayistes exilés espagnols, par Ricardo Tejada, qui à l’instar, des oeuvres qu’il analyse, se veut « plus proche d’un nouveau classicisme, primitif et modeste, que d’une modernité, dernier cri » (175).

© Ronald Klapka _ 24 janvier 2013

[1Chanson de Roland, dans la version de Frédéric Boyer, POL, 2013, laisse 124, p. 155.

[2Frédéric Boyer, Rappeler Roland — Rappeler Roland - Chanson de Roland - Cahier Roland, éditions POL, 2013.

[3— Philippe Lançon (Libération) « Boyer au cimetière des olifants », le 09/01/13.
— Sabine Audrerie (La Croix) « Roland, frère de nos batailles », le 16/01/13.
— Pierre Assouline (La République des livres), « La bataille est merveilleuse et totale », le 17/01.
— Frédéric Boyer, s’exprime à propos de sa triple entreprise littéraire sur le site des éditions POL (video).

[4Les Nouveaux chemins de la connaissance, émission du 23/03/2012. Voir aussi notre lettre du 15/02/2012.

[5Voir la laisse 114 : Et l’archevêque commence la bataille /Sur le cheval qu’il apris à Grossaille /C’était un roi qu’il tua au Danemark [...] / Et l’archevêque l’éperonne avec fougue / etc. carnage garanti : [...] Chez l’archevêque la crosse est bien gardée.

[6Voici l’annonce. Lors de la journée « Représenter la bataille », à l’auditorium du Louvre, ce 19 janvier, Pierre Baux, donna lecture, avant-première de la future création rémoise, mise en scène par Ludovic Lagarde en mars 2013.

[7Frédéric Boyer ajoute :
Tout se passe comme si Roland était rappelé vivant, efficace, par le récit de la bataille à livrer pour le venger. Et plus profondément encore, dans le cadre répétitif de ce récit de vengeance sanglante, Roland et ses compagnons deviennent comme les fantômes d’une armée légendaire, une sorte d’armée des morts que rappellent leurs compagnons vivants. Ces jeunes gens morts au combat sont une figure insistante de l’imaginaire de la société médiévale. Leurs hauts faits continuent d’être actifs au-delà de la défaite et de leur disparition. (374)

[8Tel Jacques Ancet, se proposant par sa traduction de faire revenir Jean de la Croix vers nous  : cf. p. 43-44, de Nuit obscure Cantique spirituel (Poésie / Gallimard, 1997).

[9Ceux-ci auront rappelé d’Amérique leur History Beyond Trauma, pour qu’on découvre Histoire et trauma, La Folie des guerres ainsi qu’il est précisé d’entrée : « PASSEPORT : le lecteur s’apercevra vite que ce livre a dû passer par les États-Unis pour revenir en France. Les auteurs témoignent ici leur reconnaissance à Judith Gourevich (Other Press, 2004.) et à Anne Dufourmantelle (Stock, 2006) d’avoir compris le sens de cette traversée, et d’en avoir assumé les risques ».
[Incise toute personnelle, la rencontre de Jean-Max Gaudillière et de Françoise Davoine à leur séminaire hebdomadaire à l’EHESS, eut parmi d’autres conséquences, l’apparition de "Magdelaine"]
Le Don Quichotte, pour combattre la mélancolie, Stock, 2008, de Françoise Davoine**, hante également des pages du Cahier Roland.

[10Rappeler Roland, p. 43. La cantilène ou plus exactement séquence de sainte Eulalie, conservée en effet à Valenciennes, fut proférée en l’abbaye d’Elnon, c’est-à-dire de Saint-Amand les Eaux. Alix Tassememouille soutient avec quelques raisons, que le picard fut la langue de sa transcription (note : Alix Tassememouille est un des nombreux hétéronymes d’Ivar Ch’Vavar, fondateur du Jardin Ouvrier, et inventeur de La Grande Picardie mentale).

[11Michel Jullien, Esquisse d’un pendu, Verdier, 2013.

[12Michel Jullien, Compagnies tactiles, Verdier, 2009 — lire la recension empathique du regretté Jérôme Goude.
— Faire ses délices de « Enfances du tact », in Pêle-mêle, Verdier, p. 93-106 ; Jean-Pierre Richard en redouble le plaisir et l’intelligence.

[13Michel Jullien, Au bout des comédies, Verdier, 2009 ; les critiques s’étaient cette fois passé le mot ! À voir également une video..

[14Les éditions Corti publient très bientôt, une nouvelle somme inactuelle : D’arcy Wentworth Thompson, Un glossaire d’oiseaux grecs, édition augmentée de commentaires dilettantes, d’anecdotes délectables prises à divers auteurs anciens et modernes, de remarques saisissantes et de propos inactuels sur la situation présente par Dominique Meens.

[15On s’attendra, et à juste raison, que soit mentionnée l’entreprise de François Bon. Je renvoie à un de ces articles récents L’Enterrement, Daewoo, Prison, Un Fait Divers en numérique, qui me paraît emblématiser les questionnements actuels. Pour le reste je suppose, publie.net, publie-papier bien connus de tous, signalant toutefois la création récente d’un blog centralisé, publie-net.com, qui fédère les diverses informations relatives à cette édition numérique dans ses spécificités.

[16Il y aurait de quoi gloser, infra, sur le choix de l’orthographe de bute, que je juge ici, admirable.

[17Des recensions qui la précisent (Chevillard, Assouline) sont données sur le site de l’éditeur ; elles valent, après lecture. Laissons au lecteur le plaisir de se laisser embarquer, il n’en aura nul regret.

[18Gilles Bonnet & alii & aliae, L’inactualité de la littérature, Hermann, 2013.

[19On a plus haut évoqué l’éditeur ; l’expérimentateur de formes et de supports nouveaux, n’en demeure pas moins un explorateur des plasticités de la langue, qu’il la trouve chez Agrippa d’Aubigné ou Led Zeppelin. Nous mentionnions :

« Ce n’est qu’en déséquilibre, entre fixé et effondré, que l’acte d’écrire prend sens. Seule une telle instabilité, source d’une constante invention de formes, dote l’écriture d’une densité neuve, tissée d’urgence, d’aléatoire et d’irrémédiable ». (François Bon, D’un monde en bascule)

[20Signalé par une très brève note, la 16, de Claude Louis-Combet, Huysmans au coin de ma fenêtre : « Il y a tout lieu de louer ce travail, une thèse remaniée, toute en finesse, sans déroger malgré tout aux canons académiques, à laquelle la lecture publique (B. U.) permet d’accéder, nonobstant une diffusion confidentielle (aux éditions Honoré Champion) pour un public désigné. Le recommander est vraiment la moindre des choses, à raison de la lisibilité, et de la haute estime en laquelle se sent tenu son lecteur. Exégète précis de François Bon, Gilles Bonnet est un patient décrypteur des niveaux de textualité, et des ruses déployées pour former du neuf et en quoi ils se fondent. »
Ces deux livres rendent évident que l’intelligence des textes peut s’appliquer à des objets appartenant à des univers a priori éloignés, pour un égal profit. De répéter aussi qu’une longue recension s’imposerait pour L’Écriture comique de J.-K. Huysmans, Honoré Champion, 2003, lue avec délices.