texte du 6 juin 2005
prière d’insérer
des actes du colloque "Lignes de vie"
autour de l’oeuvre poétique
de Heather Dohollau
prière d’insérer : encart imprimé contenant des indications sur un ouvrage et qui est joint aux exemplaires adressés à la critique (Petit Robert, édition 1990).
L’encart, le voici. Les indications, un sommaire : résumé et programme. Mais aussi prière (discrète et véridique [1] ).
La beauté est un bien [2] , d’où le tirez-vous ? "de ce paradis où nous sommes, de ce jardin où l’Ange arrive en partant, où le vrai incroyable, où soudain l’impossible bénédiction nous sont donnés" [3] rue Brizeux, chez Heather Dohollau, tout comme en vous :
Dans le jardin échevelé
Les roses fleurissent
En haut d’un poirier
La beauté est un bien
La peur crée des lieux
Mémorables
Habités par des absents
Comme la mort elle donne
Le profil des choses
Et le havre de leur substanceReste le rire des roses
Leurs volutes ardentes
La beauté est un bien , qui a des oreilles entend la structure allitérative et chiastique, l’équilibre parfait, l’équivalence sereine, la formule dans son évidente (mais néanmoins seconde) simplicité. Et peut-être se remémore Keats ou Dostoïevski.
Au jardin s’éprouve : " la toute-puissance des impossibilités " [4] . La beauté est un bien , serait-ce la réponse [5] à la question jamais posée : la rose est sans pourquoi..
La beauté est un bien , prière plus qu’aphorisme, venue s’insérer entre vision et méditation : rire des roses comme rire de Sara, volutes ardentes comme flammes de Yah, car "Fort comme la mort est Amour". [6]
L’analyse par Jérôme Thélot du "plus petit poème" d’Yves Bonnefoy : [7]
Tu as pris une lampe et tu ouvres la porte,
Que faire d’une lampe, il pleut, le jour se lève.
"qui apparaît si peu un texte, si peu de la littérature et qui a pourtant ce timbre reconnaissable", nous amène à dire que ce tout petit vers de Heather Dohollau pourrait bien être une "mise en abyme de l’œuvre entière".
Comme un écho de l’épigraphe shakespearienne de « Pages aquarellées » [8] ou le poème final de ce même recueil ; Pierre-Alain Tâche [9] y entendrait la basse continue de cette oeuvre en tout point musicale.
Ici Heather Dohollau rejoint Anne Perrier [10] dans cet "échange étonnamment simple et pourtant plein dans lequel rien ne peut être perdu comme l’amour " [11] parce que : la beauté est un bien .
[1] Yves Bonnefoy, catalogue de l’exposition Lignes de vie, lieux de vie , Bibliothèque municipale de Saint-Brieuc, 15 nov.—15 déc. 1996
[2] La Venelle des portes, Folle Avoine 1980 et réédition 1996
[3] Phrase composée de citations extraites de poèmes de Heather Dohollau
[4] "La toute puissance des impossibilités", dit Chestov (rapporté par Fondane). Si c’est un mur, il y aura bien une herbe pour y pousser. Et que dit-on de certaines herbes ? Ce sont des simples.
Pierre-Albert Jourdan ; Les sandales de paille, Mercure de France, 1987, p. 144.
[5] La réponse, Heather Dohollau, Folle Avoine, 1982, p. 56
[6] Cantique des cantiques, 8, 6, Traduction Oecuménique de la Bible
[7] "Le plus petit poème d’Yves Bonnefoy", cahier Onze Yves Bonnefoy,Le Temps qu’il fait 1998, pp. 215-218
[8] Out of this nettle, danger/ we pluck this flower, safety.
[9] Une commune mesure (actes du colloque) et Restituer la présence absente Poésie 1997, n° 68
[10] cf. L’écouteuse à l’écart, Ph. Jaccottet, préface de Poésie 1960-1986, éd. L’Age d’homme, 1988 & La chaise de paille basse , J-P. Jossua , La Vie spirituelle n° 718, mars 1996 & surtout Arts poétiques, La Dogana , 1996
[11] Michaël Bishop, Studies in XXth Century Literature, volume 13 n° 1, hiver 1989